« Je suis fatigué, j’ai du mal à me concentrer… mais est-ce que c’est juste du stress, ou est-ce que je suis en train de faire un burn-out ? »
C’est une question que l’on peut légitimement se poser et qui mérite d’être éclairée.

Le stress, un processus d’adaptation… jusqu’à un certain point

Le stress, à la base, n’est pas un trouble ni une maladie.
C’est une réaction normale d’adaptation de notre organisme face à une menace ou à une contrainte. Ce processus vise à assurer notre survie, comme l’a décrit Hans Selye dès 1929.

Sur une courte période, le stress prépare le cerveau et le corps à l’action : le rythme cardiaque s’élève, le sang afflue vers les muscles et le cerveau, la vigilance augmente… C’est ce que l’on appelle le stress aigu. Une fois l’événement stressant passé, l’activation physiologique se rétablit progressivement à un niveau d’équilibre grâce au repos.

À court terme, le stress peut donc permettre de performer dans une tâche urgente, notamment si celle-ci est maîtrisée (compétence) et automatisée (réalisée sans réflexion approfondie). Mais le lien entre stress et performance est bien plus complexe et dépend de nombreux facteurs comme l’ont décrit Campbell et al. en 2019 dans leur revue de littérature.

C’est lorsque les contraintes se multiplient sans possibilité de récupération suffisante que ce processus s’installe durablement. On parle alors de stress chronique. Le corps et l’esprit restent en alerte, sans pause.

Des indicateurs de ce sur-régime peuvent alors se manifester :

  • Troubles du sommeil ou de l’appétit
  • Tensions ou douleurs musculaires et ostéo-articulaires
  • Maux de tête, troubles gastro-intestinaux
  • Difficultés de concentration
  • Irritabilité, fatigue émotionnelle
  • Consommation d’alcool ou de drogues

Il est néanmoins possible d’agir sur le stress chronique et de rétablir les conditions nécessaires à la récupération physique et psychique. Le stress chronique est un signal d’alerte à ne pas négliger. Il indique qu’un rééquilibrage de l’environnement professionnel ou qu’une mise à distance temporaire est devenue nécessaire pour préserver la santé et prévenir l’épuisement professionnel.

Le burn-out, quand le système s’épuise

Le burn-out, ou syndrome d’épuisement professionnel, n’est pas simplement un « trop plein de stress ».
C’est un état d’épuisement physique, mental et émotionnel lié à une exposition prolongée à des exigences de travail élevées, sans ressources suffisantes pour y faire face (moyens, reconnaissance, sens, soutien, équité…).

Ce syndrome, décrit initialement par Herbert Freudenberger (1974) puis approfondi par Christina Maslach (1981), se caractérise par une dégradation progressive du rapport au travail.
On y retrouve trois grandes dimensions :

  • L’épuisement émotionnel et physique, un sentiment d’être « vidé.e » de toute énergie.
  • La dépersonnalisation caractérisée par le détachement, le cynisme, ou le désengagement.
  • La baisse du sentiment d’accomplissement personnel qui se manifeste par une perte d’estime de soi et un sentiment de perte de compétences.

Une distinction majeure : la possibilité de récupération

Ce qui distingue fondamentalement la réaction de stress du syndrome d’épuisement professionnel, c’est la capacité de récupération.

En cas de stress, une fois la situation passée ou la personne extraite de son environnement professionnel, un temps de repos permet à l’énergie de revenir.

Dans le burn-out, le repos n’est plus suffisant, on se sent vidé.e, comme si la batterie ne se rechargeait plus. L’épuisement persiste même après un repos prolongé.

Prévenir plutôt que guérir

Le burn-out ne survient pas du jour au lendemain, c’est un processus progressif.
Souvent, la personne ne reconnaît pas la gravité de certains signaux comme la fatigue persistante, les douleurs, l’irritabilité, la perte de plaisir, ou l’isolement… Dans ce cercle vicieux, elle s’investit, résiste, s’adapte parfois jusqu’à l’effondrement (ne plus pouvoir se lever, ne plus savoir démarrer sa voiture, se figer devant son ordinateur…).

Quelques pistes de prévention :

  • Identifier les facteurs de surcharge (quantité et rythme de travail, flou des rôles, conflits de valeurs…) et les ressources à développer (communication, reconnaissance, équité…).
  • Retrouver des espaces de respiration dans la journée.
  • Rechercher du soutien social (collègues, entourage, professionnels de santé).
  • Redonner du sens à ce que l’on fait : pourquoi je fais ce travail ? qu’est-ce qui compte vraiment pour moi dans le travail, dans la vie en général ?

En conclusion

Le stress ponctuel fait partie de la vie professionnelle et personnelle.
Mais lorsqu’il devient permanent, qu’il épuise et déconnecte du sens, il convient de réajuster l’équilibre pour permettre à l’organisme de récupérer et prévenir l’épuisement.
Savoir reconnaître ces signes, c’est déjà une manière de se protéger.

Et si vous vous sentez concerné·e, en parler avec votre médecin traitant, votre médecin du travail ou un psychologue du travail peut aider à comprendre ce qui se joue et à retrouver un équilibre durable.

Bibliographie :

  • Campbell, M., et al. (2019). Relation entre le stress et la performance au travail : un devis expérimental. AD Machina, 3, 39–57.

  • Freudenberger, H. J. (1974). Staff burn-out. Journal of Social Issues, 30(1), 159–165.

  • Gosselin, E., Forget, H., & Rodet, P. (2025). Le stress au travail nous rend-il vraiment performants ? Le Journal des Psychologues, 419(novembre-décembre).

  • Lazarus, R. S., & Folkman, S. (1984). Stress, appraisal and coping. Springer.

  • Maslach, C., & Jackson, S. E. (1981). The measurement of experienced burnout. Journal of Occupational Behavior, 2(2), 99–113.

  • Selye, H. (1936). The stress of life. McGraw-Hill.